Son étymologie : ethos = coutume en grec. Elle définit couramment un ensemble de règles non-écrites, une discipline qu’on s’impose en tant qu’individu ou représentant d’un groupe. L’éthique correspond à des codes que ne peuvent formaliser ni la loi, ni les règlements. Purement moral, l’éthique a néanmoins plusieurs incidences sur la gestion d’entreprise. Comment se manifeste-t-elle ?
Du plus au moins formalisé : loi > convention > déontologie > éthique. Cet ordre suit aussi : société > structure > profession/corporation > individu/groupe
Font partie de l’éthique : les notions de secret (c’est parfois même une déontologie voire une obligation), de loyauté, de respect de la parole donnée… L’éthique sert de garde-fou à des agissements immoraux ou perçus tels quels, mais qui peuvent s’avérer difficiles à prouver pénalement – notamment le délit d’initié ou la corruption. Faire preuve d’éthique, c’est ainsi s’interdire spontanément certaines postures ou décisions, souvent à contre-courant de son propre intérêt financier.
En effet, l’éthique semble se poser comme la règle qui délimitera l’équilibre (toujours relatif) entre les « bons usages » et la possibilité de s’enrichir.
A cet égard, l’éthique exprime une vision des équilibres sociétaux tels qu’ils évoluent. Par exemple : la fin des années 80 fut l’avènement des « années-fric », incarnée par cette tonitruante déclaration en 1987 par Bernard Tapie : « Moi j’ai du fric, et j’en suis fier ».
Mais en même temps qu’émergeaient les self-made-men et entrepreneurs innovants, on assista à la multiplication de malversations, de la gestion d’entreprise cavalière (un euphémisme, lorsqu’il s’agit d’acheter une entreprise dans le but de la revendre avec une plus-value sans regarder le coût social de l’opération) et d’expériences de management plus ou moins heureuses. Ainsi les cultures collaboratives des « cercles de qualité » et autres cogestions partaient d’un principe « juste » : la confiance et le présupposé que tous ont des compétences à apporter.
Ces valeurs, couronnées de succès en Allemagne ou au Japon, n’ont pas su bien cadrer avec la culture française (qui sait en revanche mieux promouvoir un système fondé sur le patriotisme économique, une éthique plus présente en France ou aux Etats-Unis que dans d’autres nations).
Tant et si bien que vingt ans plus tard, la fortune semblait passer pour une maladie honteuse, au point que le vainqueur de la présidentielle de 2007 joua l’iconoclasme en fondant son programme électoral sur un « travailler plus pour gagner plus ».
Donc : l’éthique d’entreprise est une compréhension collective qui naît de l’expérience et des croyances ou aspirations publiques, et selon laquelle on prête à l’entreprise le pouvoir de donner corps à des codes moraux à travers sa gestion, sa posture commerciale, l’identification de ses partenaires, sa prise de risque etc…
Placer de l’éthique dans son fonctionnement d’entreprise, c’est donc l’opportunité de mettre en avant des critères informels qui sauront faire la différence pour les clients potentiels ou des interlocuteurs industriels, financiers, institutionnels. En effet c’est l’affichage de croyances qui rencontrent l’adhésion du public visé. Alors gare au superficiel, comme le green-washing. Les mots ne suffisent pas ; les faits doivent suivre, même si c’est parfois compliqué – cf. l’expérience encore tâtonnante de l’entreprise à mission, sanctionnée en bourse quoique moralement consensuelle.
Dans certains cas l’éthique a fini par évoluer en règle : inclusion du handicap, réduction de l’empreinte carbone, égalité homme-femme, chasse au gaspi… D’une manière plus générale, le rapport à l’argent reste une sorte de tabou dans notre pays, objet d’une tartufferie au quotidien : on lui court après, mais en essayant de montrer qu’il est la dernière de nos motivations.
L’éthique est une bonne manière de structurer ce jeu du chat et de la souris, permettant de transformer le profit non plus comme une fin mais comme un moyen, voire le faire passer pour un effet collatéral.
Au contraire ! L’éthique est finalement une voie par laquelle l’entrepreneur ou le travailleur pourra s’épanouir dans son activité professionnelle. Il s’agit en effet de faire de son travail non plus un processus productivo-alimentaire, mais un cadre adapté à la quête de sens. Pourquoi je fais mon métier ? Pour rendre service à un public qui a émis une demande concrète et forte ? Pour poser ma pierre à des projets sociétaux ? Pour perpétuer un nom, une enseigne qui porte du prestige, une histoire ?
Il en découle que la configuration gagnante est celle où une entreprise parvient à faire collaborer des individus adhérant tous, à leur propre mesure, à un sens porté par leur entreprise. Reconnaître dans son travail le moyen de satisfaire ses valeurs et besoins est la clé de la motivation (la rémunération faisant en général partie de ces besoins).
Au passage, la fortune et le luxe sont également des valeurs auxquelles un groupe peut adhérer, et déterminer une éthique en conséquence. Cette éthique se manifestera par des codes de prestance, de sélectivité, de quête d’excellence – des valeurs dominant alors celles d’autres structures plutôt apôtres du partage, du rejet du superflu, de la frugalité avec ses incidences éco-responsables…
En conclusion, l’éthique constitue une trame qui permet de faire la différence entre plusieurs acteurs économiques, y compris des structures opérant sur le même secteur. Elle est source de leviers informels qui se manifesteront dans une gestion efficace de l’humain (mais aussi des capitaux). Cette trame est en outre une alternative à la rationalité financière seule pour alimenter le succès d’une entreprise : elle répercute à l’échelle de l’entreprise ce qui fait la différence entre un robot et un humain.
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